Gavroche.info
is available for sale
Hear how it Gavroche.info sounds
About Gavroche.info
Former one word, brandable domain representing Gavroche - French popular history magazine. For more than 20 years, the review has focused on transcribing the celebrations, the works, the struggles, and the joys of the main actor in history: the people.
Exclusively on Odys Marketplace
$3,880
What's included:
Domain name Gavroche.info
Become the new owner of the domain in less than 24 hours.
Complimentary Logo Design
Save time hiring a designer by using the existing high resolution original artwork, provided for free by Odys Global with your purchase.
Built-In SEO
Save tens of thousands of dollars and hundreds of hours of outreach by tapping into the existing authority backlink profile of the domain.
Free Ownership Transfer
Tech Expert Consulting
100% Secure Payments
Premium Aged Domain Value
Usually Seen In
Age
Traffic
SEO Metrics
Own this Domain in 3 Easy Steps
With Odys, buying domains is easy and safe. Your dream domain is just a few clicks away.
.1
Buy your Favorite Domain
Choose the domain you want, add it to your cart, and pay with your preferred method.
.2
Transfer it to your Registrar
Follow our instructions to transfer ownership from the current registrar to you.
.3
Get your Brand Assets
Download the available logos and brand assets and start building your dream website.
Trusted by the Top SEO Experts and Entrepreneurs
Rachel Parisi
★ ★ ★ ★ ★
I purchased another three aged domains from Odys in a seamless and painless transaction. John at Odys was super helpful! Odys is my only source for aged domains —you can trust their product.
Stefan
★ ★ ★ ★ ★
Odys is absolutely the best premium domain marketplace in the whole internet space. You will not go wrong with them.
Adam Smith
★ ★ ★ ★ ★
Great domains. Great to deal with. In this arena peace of mind can be difficult to come by, but I always have it with Odys and will continue to use them and recommend them to colleagues and clients.
Brett Helling
★ ★ ★ ★ ★
Great company. Very professional setup, communication, and workflows. I will definitely do business with Odys Global moving forward.
Larrian Gillespie Csi
★ ★ ★ ★ ★
I have bought 2 sites from Odys Global and they have both been of high quality with great backlinks. I have used one as the basis for creating a new site with a great DR and the other is a redirect with again high DR backlinks. Other sites I have looked through have low quality backlinks, mostly spam. I highly recommend this company for reliable sites.
Henry Fox
★ ★ ★ ★ ★
Great company!
Vijai Chandrasekaran
★ ★ ★ ★ ★
I’ve bought over 30 domains from Odys Global in the last two years and I was always very satisfied. Besides great quality, niche-specific auction domains, Alex also helped me a lot with SEO and marketing strategies. Auction domains are not cheap, but quality comes with a price. If you have the budget and a working strategy, these domains will make you serious money.
Keith
★ ★ ★ ★ ★
Earlier this year, I purchased an aged domain from Odys as part of a promo they’re running at the time. It was my first experience with buying an aged domain so I wanted to keep my spend low. I ended up getting a mid level DR domain for a good price. The domain had solid links from niche relevant high authority websites. I used the site as a 301 redirect to a blog I had recently started. Within a few weeks I enjoyed new traffic levels on my existing site. Happy to say that the Odys staff are friendly and helpful and they run a great business that is respected within the industry.
Le Reichstag en flammes
ou de la réhabilitation de Marinus Van der Lubbe,
militant révolutionnaire injustement calomnié
Par J.J. GANDINI
(Gavroche n° 131, septembre-octobre 2003, p. 8 à 11)
Le 27 février 1933 Marinus Van der Lubbe, jeune chômeur hollandais, proche du communisme de conseils, incendie, seul, le Reichstag à Berlin pour « réveiller les travailleurs allemands » après la nomination de Hitler comme chancelier le 30 janvier précédent. Pour les nazis pas de doute : l’incendiaire est le bras armé d’un complot communiste, d’autant que trois jours auparavant, le ministre de l’Intérieur, Goering, après une perquisition « musclée » intervenue au siège du parti communiste – le KPD, alors le plus puissant d’Europe hors l’URSS –, a annoncé « la découverte d’un plan insurrectionnel avec prise d’otages d’enfants de dirigeants, attentats et empoisonnement massif ». L’état d’urgence est aussitôt instauré et des milliers d’élus et de permanents communistes arrêtés… grâce aux listes constituées depuis dix ans par les gouvernements sociaux-démocrates et de centre-droit successifs. Le KPD est mis hors-la-loi et Ernst Torgler, chef du groupe communiste au Reichstag, accusé d’être l’instigateur du complot, se constitue prisonnier le 29. Cinq jours après l’incendie, trois Bulgares, dont Georgi Dimitrov (1) dirigeant du bureau du Komintern à Berlin, sont arrêtés et inculpés pour « tentative de subversion de l’État et complicité d’incendie sur un édifice public ».
Pourtant, lors de son interrogatoire par les services de police, Van der Lubbe affirme avec force avoir agi seul : « Je ne connais ni de nom ni de vue le dirigeant communiste Torgler auquel je viens d’être confronté. » Il décrit précisément comment il a réussi à s’introduire dans le Reichstag « en escaladant la façade par la gauche en grimpant sur une corniche à hauteur d’homme » pour arriver sur un petit balcon dont il a forcé la porte-fenêtre, et comment , une fois à l’intérieur, il a parcouru plusieurs pièces, allumant des foyers d’incendie avec ses allume-feux (2), mais sans trop de succès jusqu’à ce qu’il pénètre dans la grande salle des délibérations et réussisse à embraser les lourdes tentures qui propageront le feu dans tout le bâtiment. Il a beau insister – « J’ai pris ma décision de venir en Allemagne absolument seul… Personne ne m’a aidé dans mon action et je n’ai rencontré personne dans le bâtiment du Reichstag » –, les nazis le somment de dénoncer ses complices car l’idée que quelqu’un puisse agir de façon autonome est totalement impensable au regard de leur schéma de fonctionnement basé sur le « fuhrer prinzip ».
Quoiqu’il en soit l’objectif est atteint : lors des élections législatives du 5 mars, les nazis obtiennent 44 % des voix et 288 sièges, soit la majorité absolue face aux 212 sièges du SPD et du Zentrum (3), les 81 députés communistes étant hors-la-loi. Dès le 23 mars, avec l’appui du Zentrum, Hitler obtient les pleins pouvoirs et début juillet, la léthargie des sociaux-démocrates aidant, l’Allemagne est sous la botte d’un régime de parti unique.
Face à ce rouleau compresseur, le Komintern se décide enfin à réagir et, par l’intermédiaire de Willi Muzenberg, fondateur du Secours Rouge international, crée à Paris un « Comité d’aide international aux victimes du fascisme hitlérien » qui va publier, début août, traduit en quinze langues et diffusé par millions, un Livre brun sur l’incendie du Reichstag et la terreur hitlérienne lequel « aura un impact considérable sur les opinions publiques du monde entier, ses affirmations prenant force de vérité face au déni de justice de la répression nazie ».
Trois lignes de force sont développées : Des S.A. (4) envoyés par Goering ont aidé Van der Lubbe à propager l’incendie en empruntant un passage souterrain ; un député du parti national-allemand – mais qui s’est suicidé en mai –, Oberfuhren, atteste de la réalité du complot nazi ; l’« enquête » menée en Hollande fait de Van der Lubbe un « fils de petit-bourgeois », un « jeune pédéraste à moitié aveugle » qui aurait été le mignon de haut-responsables des S.A.
Face à un tel déferlement de propagande et des ragots aussi abjects, ce dernier ne peut compter que sur de rares appuis extérieurs (5) et une poignée d’amis fidèles qui publient le 21 septembre à Amsterdam Le livre rouge, Van der Lubbe et l’incendie du Reichstag qui démonte point par point les préjugés conspirationnistes du Livre brun mais ne rencontre guère d’écho, étant donné en outre son tirage confidentiel.
Le même jour, le « procès des incendiaires » s’ouvre à Leipzig devant la Cour Suprême en présence de 125 journalistes accrédités en provenance du monde entier, le régime nazi, sûr de lui, assurant un semblant de respect formel des règles de droit et de liberté des débats. Ceux-ci vont mettre en lumière les failles des deux thèses en présence mais la presse internationale prend parti pour les Bulgares, d’autant que Dimitrov se montre incisif et affronte Goering avec succès, alors que Van der Lubbe – qui a été torturé en prison et a entrepris une grève de la faim en protestation – reste prostré, ne répondant que par monosyllabes, accréditant la thèse du « semi-débile » manipulé par les uns ou par les autres.
Le 23 décembre, les trois Bulgares et Torgler sont acquittés et Marinus, condamné à mort, sera décapité le 10 janvier 1934. Pourtant le 21 avril 1967 le tribunal de Berlin cassera le jugement de Leipzig, ne retenant qu’« une tentative d’incendie avec effraction », et condamnera le jeune Hollandais post mortem à huit ans de prison. Et en 1998 s’est constituée en Hollande la fondation « Une sépulture pour Marinus Van der Lubbe », en hommage à la « première victime anti-fasciste hollandaise tombée en Allemagne hitlérienne ».
Cette réhabilitation, Yves Pagès et Charles Reeve l’ont remarquablement mise en situation en présentant et annotant les Carnets de route de l’incendiaire du Reichstag et autres récits que viennent de publier les éditions Verticales. À l’opposé du portrait à charge du pauvre hère manipulé, nous est au contraire révélée la personnalité d’un ouvrier du bâtiment victime très tôt d’un accident du travail, un amateur de randonnées au long cours et sportif accompli à ses heures. À partir de 1928, il fait plusieurs voyages à pied et en auto-stop à travers l’Europe et projette notamment, muni pour tout viatique de deux florins et un demi-mark allemand, de se rendre à Constantinople, envisageant même de pousser jusqu’à la Chine ! Parti de Leyde le 7 septembre 1931, il va traverser toute l’Allemagne, l’Autriche, la Yougoslavie et la Hongrie, mais arrivé à Budapest le 24 octobre il décide finalement de rentrer. Les gestes simples d’entraide dont il a fait l’objet le long de la route – un cordonnier qui recoud ses chaussures, un paysan qui lui offre du pain et du café – alimentent sa réflexion : « Voilà qui est typique de l’humain. Nous n’avons pas besoin de chercher une occasion pour faire du bien. Nous le faisons lorsque la situation se présente, pas par philanthropie mais parce que c’est bon tout simplement et parce que le moment, les circonstances sont là pour faire le bien. »
Marinus est un ennemi de tout préjugé nationaliste, épris d’entraide sociale, aux précoces activités militantes, qui va s’éloigner progressivement du parti communiste pour se rapprocher du « communisme de conseil » sur la base de trois idées-force : spontanéité, autonomie et auto-organisation des luttes, développées notamment dans les trois numéros du Journal des chômeurs qu’il fait paraître dans sa ville de Leyde en octobre et novembre 1932.
Il ne supporte plus un parti communiste défenseur inconditionnel de l’URSS et refusant toute initiative des militants de base alors que la situation sociale se durcit, et s’inquiète de la résistible montée du nazisme en Allemagne, critiquant le fait que « la lutte acharnée contre le fascisme meurtrier », qui devrait constituer la préoccupation première, soit détournée de son but par des tactiques électorales qui vont entraîner la chute du KPD, en considérant les « sociaux-traîtres » (6) du SPD comme l’ennemi principal : « Ne concentrez pas vos efforts sur Hitler. Suivez la ligne tracée. Nous devons frapper nos coups les plus violents contre les sociaux-fascistes du parti social-démocrate. C’est eux et leurs syndicats que nous devons anéantir si nous voulons amener la majorité des travailleurs à la toute-puissance du prolétariat. » Et Thaelmann, le chef du KPD, va jusqu’à dire : « Il faut discuter avec les fascistes pour les ramener sur nos positions… Il faut s’incliner devant le nouveau rapport de force et laisser le fascisme s’user au pouvoir. Tout acte de violence sera dénoncé par le parti communiste comme une provocation et ses auteurs seront mis au ban du prolétariat comme agents du fascisme. » (7)
Pour Van der Lubbe, au contraire, « il faut faire quelque chose ». Et c’est influencé par l’idée de l’« acte exemplaire » que prône la revue conseilliste Spartacus – c’est-à-dire des actions minoritaires, violentes ou non, censées radicaliser la lutte de classes –, qu’il entreprend à partir du 2 février 1933 sa longue marche solitaire sur Berlin où il arrive le 18 et découvre une atmosphère de résignation dans les quartiers populaires.
En réaction il va proposer le 22 aux chômeurs présents devant le Bureau d’Aide aux Chômeurs de Neukölln d’organiser une manifestation, mais on lui rétorque qu’il faut pour cela une autorisation du KPD. Le soir du 23, il assiste au Sportpalast à un meeting du KPD pour lequel il avait préparé une intervention, mais à peine commencée, la réunion est interrompue par l’arrivée de la police sans la moindre réaction de la salle et des orateurs.