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Les entretiens de Nuremberg
(note de lecture parue dans Gavroche n° 146, avril 2006)
de Léon N. Goldensohn
Traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat
Introduction et notes de Robert Gellately
Éditions Flammarion
Paris, 2005
550 p., 25 euros
Les douze procès menés par le Tribunal militaire international constitué par les Alliés pour juger les dirigeants nazis après la défaite de l’Allemagne se succédèrent d’octobre 1945 à avril 1949 au Palais de justice de Nuremberg. Le premier de ces procès fut intenté contre les vingt-quatre principaux dignitaires capturés ou supposés en vie à la fin de la guerre et contre huit organisations du régime hitlérien, pour conspiration criminelle, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il s’ouvrit le 20 novembre 1945 et se conclut le 1er octobre 1946 par douze condamnations à mort (Bormann – par contumace –, Frank, Frick, Göring, Jodl, Kaltenbrunner, Keitel, Ribbentrop, Rosenberg, Sauckel, Seyss-Inquart, Streicher), sept peines de prison (Dönitz, Funk, Hess, Neurath, Raeder, Schirach, Speer) et trois acquittements (Fritzsche, von Papen et Schacht). Outre Martin Bormann, deux accusés n’avaient pas comparu : Robert Ley (suicidé le 25 octobre 1945) et Gustav Krupp (cas disjoint pour raisons de santé). Le tribunal condamna la Gestapo, le NSDAP, les SS et le SD à titre collectif.
Les condamnés à mort furent exécutés par pendaison le 16 octobre 1946, sauf Göring qui s’était empoisonné la veille.
Léon Goldensohn, médecin-psychiatre de nationalité américaine, prit son poste à la prison de Nuremberg en janvier 1946, six semaines après l’ouverture du premier procès, et il y resta jusqu’en juillet de la même année. Sa mission consistait à veiller sur la santé physique et mentale des vingt et un détenus qu’il visitait tous les jours. Au cours des sept mois qu’il passa à Nuremberg, il fut amené à s’entretenir régulièrement avec chacun des hommes confiés à ses soins et put mener avec la plupart d’entre eux des entretiens officiels approfondis. Il eut également l’occasion d’interroger nombre de témoins cités par l’accusation ou par la défense, dont certains occupaient un rang élevé dans la hiérarchie du régime hitlérien. Une large sélection de ces entretiens est publiée pour la première fois en français (1), soixante ans après l’ouverture des procès de Nuremberg.
Comment expliquer l’inexplicable ?
Les accusés présents au premier procès pouvaient se classer en trois catégories : quatre militaires (Keitel, Jodl, Dönitz, Raeder), trois « techniciens » – ou, du moins, se présentant comme tels – (Fritzsche (2), Schacht et Funk), et enfin quatorze politiques. Les véritables maîtres du IIIe Reich agonisant (Hitler, Himmler, Bormann et Goebbels), étaient morts ou disparus (3). Hermann Göring, ex-numéro 2 en titre du régime, en réalité disgracié depuis 1942, faisait figure de premier rôle parmi les rescapés. Désintoxiqué de la morphine au cours de son séjour en prison, le « Maréchal du Reich » avait retrouvé toute sa présence d’esprit et l’habileté manœuvrière qui avait fait de lui un adversaire si redoutable à l’époque où il siégeait au Reichstag et dirigeait la Prusse d’une main de fer.
Göring ne se faisait guère d’illusions sur le sort qui l’attendait et il était obsédé par l’image que la postérité garderait de lui. Parvenu enfin au premier rang après des années de revers et d’humiliations, tout imbu de ses responsabilités devant l’histoire, le « nazi numéro un », comme il se dénommait lui-même, avait tenté de persuader ses coïnculpés de faire front commun et d’adopter une même ligne de défense. Elle était simple. Il fallait persuader le tribunal de considérer séparément la guerre et les « atrocités ». Concernant la guerre et l’accusation de conspiration contre la paix, tous les accusés devaient revendiquer de s’être conduits en patriotes. Ils avaient obéi au Führer, librement choisi par le peuple allemand et auquel ils avaient juré fidélité. Les Alliés (et particulièrement les Russes) n’avaient là-dessus aucun droit de les juger (4). Pour ce qui était des crimes contre l’humanité, Himmler et sa SS en étaient les véritables responsables, ainsi que les deux âmes damnées de Hitler : Bormann, qui l’avait isolé du monde extérieur, et Goebbels, dont le fanatisme avait fini par influencer gravement le dictateur aux nerfs ébranlés. Quant à Hitler lui-même, Göring continuait à le qualifier de « génie » et soutenait qu’il n’avait jamais ordonné ni voulu l’extermination des Juifs, pas plus d’ailleurs qu’aucun des dirigeants présents à Nuremberg.
Cette ligne de défense ne pouvait convenir qu’aux militaires et aux politiques les plus compromis, ou les plus bornés (5). Les autres avaient compris que la volonté des Anglo-Américains de condamner le nazisme sans condamner le peuple allemand laissait prévoir une graduation des peines et peut-être quelques acquittements. Ils se désolidarisèrent immédiatement du régime hitlérien et de la ligne préconisée par Göring. Les « techniciens » protestèrent à grands cris qu’Hitler les avait trahis (6) et qu’ils n’avaient jamais eu connaissance des crimes commis contre les Juifs, les Tziganes, ou contre les populations civiles slaves à l’Est. Les amiraux prétendirent tout ignorer des massacres perpétrés par la Wehrmacht. Albert Speer, malgré son appartenance de longue date au cercle des intimes du Führer, malgré ses éminentes responsabilités de ministre des armements et de la production de guerre, parvint à sauver sa tête en jouant la carte du repentir, tout comme Baldur von Schirach, le chef des Jeunesses hitlériennes.
Dans la prison de Nuremberg séjournaient également des personnages cités comme témoins au procès, en attendant d’être jugés plus tard.
Les généraux et maréchaux qui auraient bientôt à répondre des fusillades d’otages dans la lutte contre les partisans, et parfois de l’exécution de prisonniers, avaient eux organisé collectivement leur défense, se répartissant les dossiers sous la direction du feld-maréchal von Manstein (7). Leur argumentation tenait en un mot : obéissance. Ils avaient obéi aux directives de Keitel, qui lui-même obéissait à Hitler auquel ils avaient tous prêté serment (8). De la « solution finale », ils n’avaient jamais entendu parler.
D’autres internés ne pouvaient guère prétendre ignorer « les atrocités » puisqu’ils avaient personnellement présidé à leur mise en œuvre. Leur plaidoyer consistait naturellement à expliquer qu’ils ne pouvaient faire autrement qu’obéir, eux aussi, et qu’ils avaient tenté tout ce qui était en leur pouvoir pour atténuer la rigueur des ordres venus d’en haut. Le général SS Erich von dem Bach-Zelewski (9), chef des unités anti-partisans en Russie en 1943, « bon catholique », ne craint pas d’affirmer à Goldensohn que son engagement dans la SS lui avait été conseillé par un banquier juif car : « Il valait mieux que quelques types honnêtes comme moi aient de l’influence au sein des SS et empêchent ainsi des saloperies »… Otto Ohlendorf (10), autre général SS, commandant de l’Einzatzgruppe D responsable de la mort par fusillade de 90 000 Juifs de Russie, hommes, femmes et enfants, avait seulement « exécuté des ordres qu’il désapprouvait ». Mieux : il veillait à « ce que ce soit fait le plus humainement possible ». « Vous le referiez ? » demande Goldensohn. « Je n’ai rien fait » corrige le général SS. « Ce n’est pas moi qui les ai fusillés. Ce sont des pelotons d’exécution »… D’ailleurs Ohlendorf se défend d’être antisémite… Oswald Pohl (11), le chef de l’Office économique et administratif central SS (le responsable de l’ensemble des camps de concentration), n’est pas antisémite non plus. Il a même aidé des Juifs à s’échapper, mais il ne se souvient plus des noms. Pour le reste : « Je n’ai fait qu’exécuter les ordres. J’ai la conscience tranquille. Je n’ai jamais ordonné la mort d’un Juif ni n’en ai tué personnellement ». Encore mieux : grâce à lui, « les détenus des camps de concentration touchaient des primes, au même titre que les autres travailleurs allemands » (!).
Entre les ordres venus d’en haut et les actes qu’ils n’ont pas eux-mêmes commis, aucun des accusés ne se reconnaît coupable. Pour un peu ils se sentiraient même persécutés et prennent leur interlocuteur à témoin : que pouvaient-ils faire ?
Rudolf Höss (12), le commandant du camp d’Auschwitz, a conduit à la mort plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants. « Ça ne vous bouleverse pas un peu parfois ? » interroge le psychiatre. « Je croyais bien faire, j’obéissais aux ordres, et maintenant, je vois que c’était inutile et mal. Mais je ne vois pas ce que vous voulez dire quand vous parlez d’être bouleversé, parce que, personnellement, je n’ai tué personne. J’étais juste le directeur du programme d’extermination à Auschwitz ».
Les entretiens de Léon Goldensohn
Tandis que les dignitaires nazis et les seconds couteaux s’arrangeaient avec leur conscience et luttaient pour sauver leur peau, Léon Goldensohn, jour après jour, recueillait leurs confidences. Même s’il leur promettait que l’accusation n’aurait pas connaissance de ses notes, les accusés n’étaient pas obligés de le croire, et ils se méfiaient de lui, bien entendu. Mais chez la plupart d’entre eux, le désir de se justifier prenait vite le dessus (13). De plus, le psychiatre américain se présentait comme un homme de science désireux de comprendre la personnalité et les mobiles de ses interlocuteurs, et il les questionnait donc surtout sur leur histoire intime, leur enfance, l’éducation qu’ils avaient reçue, les relations au sein de leur famille, leurs sentiments, l’opinion qu’ils avaient d’eux-mêmes et des autres, le jugement qu’ils portaient sur leurs actes, alors que le Tribunal militaire les interrogeait avant tout sur des faits. Goldensohn procédait de façon très professionnelle : il se contentait de résumer brièvement les conversations à bâtons rompus, mais transcrivait littéralement l’intégralité des entretiens officiels. Les va-et-vient de la traduction et la prise des notes imprimaient aux échanges un rythme lent. De cette façon, les dialogues gardaient le ton d’une conversation entre deux personnes assises côte à côte sur le lit étroit d’une cellule de prison, mais les prisonniers interrogés avaient le temps de mûrir leurs réponses.
Malgré l’excellent appareil de notes de Robert Gellately, il est préférable de connaître l’histoire du troisième Reich et la biographie de ses maîtres (14) pour ne pas se laisser abuser par les contrevérités dont sont truffées les déclarations des dirigeants nazis, et pour profiter pleinement des entretiens menés par Léon Goldensohn. À cette condition, le lecteur averti comprendra mieux le fonctionnement de l’État hitlérien et comment se déroulaient les impitoyables luttes pour le pouvoir entre ses dirigeants. Peut-être aussi, en écoutant les voix de ces hommes presque tous ordinaires devenus les exécutants dociles d’ordres monstrueux, entreverra-t-il des éléments de réponse à la question lancinante qui continue à nous hanter, soixante ans après Nuremberg : comment une idéologie aussi délirante que le nazisme a-t-elle pu obtenir l’adhésion du peuple allemand et l’entraîner dans la plus effroyable entreprise criminelle de l’histoire ?
François ROUX
1. La première publication, en anglais, date de 2004.
2. Fritzsche, chef de la division radio de la propagande, était le seul qui ne méritait pas le qualificatif de « dirigeant ».
3. La preuve formelle de la mort de Bormann à Berlin en 1945 n’a été apportée par l’ADN qu’en 1998.
4. Outre l’affaire du pacte germano-soviétique, les accusés et leurs défenseurs ne se privaient pas de rappeler les crimes commis par les Alliés, par exemple le massacre des officiers polonais par l’Armée rouge à Katyn, les bombes atomiques sur le Japon ou les 50 000 morts, civils pour la plupart, du raid anglo-américain sur Dresde en février 1945.
5. Dans les entretiens retranscrits par Léon Goldensohn, certains accusés apparaissent totalement déconnectés de la réalité. Par contre, Robert Gellately rappelle opportunément que, contrairement à une idée répandue, les dirigeants nazis – à l’exception de Julius Streicher et en laissant de côté le cas particulier de Rudolf Hess – étaient tous d’une intelligence supérieure à la moyenne.
6. Funk, ministre de l’Intérieur de 1933 à 1943, explique avoir cru que les lois antisémites étaient destinées à protéger les Juifs…
7. Il fut condamné en 1949 par un tribunal britannique à 18 ans de prison. Sa peine fut ramenée ensuite à 12 ans et il fut finalement libéré en 1953. Par la suite il fut conseiller militaire de la RFA lors de la reconstruction de l’armée.
8. L’argument du serment de fidélité prêté personnellement à Hitler fut constamment avancé par les militaires pour justifier leur obéissance et leur impossibilité de conspirer contre le Führer.
9. Condamné à 10 ans de « travail spécial » par un tribunal de dénazification, à Munich, Bach-Zelewski fut rejugé en 1962 et condamné à la prison à perpétuité.
10. Condamné à mort à Nuremberg en 1948 et pendu en juin 1951.
11. Condamné à mort en 1947 par un tribunal militaire américain et pendu en juin 1951.
12. Condamné à mort par un tribunal militaire polonais et pendu à Auschwitz en avril 1947.
13. Goldensohn tint parole et ne communiqua jamais ses notes à l’appareil judiciaire. Seuls quelques accusés, Speer notamment, refusèrent les entretiens proposés par le psychiatre américain.
14. Lire :
Arendt, Hannah, Le système totalitaire, Essais/Points, Le Seuil, 1972, pour la traduction française et Gallimard, 2002, pour la nouvelle édition.
Fest, Joachim, Les maîtres du IIIe Reich, Bernard Grasset, 1965.
Bullock, Alan, Hitler ou les mécanismes de la tyrannie, Marabout, 1963.
Gellately, Robert, Avec Hitler, les Allemands et leur Führer, traduction P-E Dauzat, Flammarion, 2003.